Flèche Rousse et granite à Argentière
Nouvelle visite cet été au Refuge d’Argentiere, avec comme objectif d’emmener François et Pat à l’Aiguille d’Argentière par l’arête de Flèche Rousse. Je n’ai jamais fait cette classique et je suis donc curieux d’y trainer les crampons. Ou plutôt trainer les semelles devrais-je dire, au regard des conditions ultra sèches rencontrées en ce début juillet, la faute au maigre hiver dézingué par la canicule de fin juin…
Avant Flèche Rousse, il y a comme toujours ce si bon Refuge d’Argentiere et ses gardiens magiques, il ya aussi le granite fauve et ensoleillé juste derrière le refuge qui nous appelle irrésistiblement. Comment donc ne pas se laisser tenter par quelques longueurs au soleil pour profiter de l’après midi là haut? Sachant que pour mes 2 clients du jour, c’est la première fois qu’ils grimpent sur du granite, je ne pouvais pas manquer cette occasion. Soleil, rocher fauve, longueurs parfaites sur l’Aiguille du Génépi, what else?
Quel meilleur cadre, quel meilleur rocher, quel meilleur refuge imaginer pour découvrir l’escalade sur granite? Magique! Et tout aussi magique le plaisir de faire découvrir ça à mes deux compères.
Quelques bières plus tard, il est temps de se recentrer sur notre objectif : l’Arête de Flèche Rousse à l’Aiguille d’ Argentière. Au refuge, il y a l’ami Eric qui grimpe avec sa Belle. Il y a aussi Nico qui prévoit cette arête le lendemain avec son client et c’est une bonne nouvelle. Même si on n’a pas prévu de travailler à 2 Guides, ce sera tout comme…
Lever à 3h00, et je note aussitôt le bruit qui vient du dehors, celui du vent qui tambourine contre la façade du refuge… Pas cool ça, et d’autant moins cool les gros nuages qui encapuchonnent les faces nord d’Argentière. Mais ne devait-il pas faire grand beau??? Il va falloir qu’on serre les capuches. Après une montée paisible en direction du col du Tour Noir, l’arête de Flèche Rousse se dévoile avec l’aube, et d’entrée je me dis que c’est à peu près aussi sec que je le craignais. Le vent est bel et bien là, et les nuages aussi: parfait donc! Mais je me dis aussi qu’il faut « aller voir », sentiment renforcé par la présence de mon collègue Nico. Si on doit improviser, on improvisera à deux.
Le terrain habituellement mixte de Flèche Rousse est globalement remplacé ce jour par du rocher pourri, ce qui rend les déplacements parfois délicats. A l’inverse, les sections où ça grimpe nous offrent du très beau rocher vraiment typé montagne, jamais dur mais jamais complètement facile. François et Pat naviguent parfaitement dans ce terrain pourtant complexe et c’est à bon rythme qu’on avance. Derriere, Nico et Alexandre avancent bien aussi. Alors on continue : tant pis pour le vent, le froid, tant pis pour les nuages, tant pis pour ce beau terrain mixte évaporé à la faveur de la canicule. On s’adapte.
Plus on monte, plus ça souffle et c’est en doudoune qu’on arrive au sommet de l’Aiguille d’Argentière vers 10h00, heureux et juste fatigués d’avoir à se cacher sous nos capuches. Les copains sont là aussi, reste plus qu’à faire 2 photos et plonger vers le bas pour se mettre à l’abri. La descente est encore une belle partie de concentration, du fait de l’absence totale de regel et de la sécheresse de l’étroite sous le sommet de l’Aiguille d’Argentière. En bricolant dans des vires en rive droite, on passe sans trop s’exp(lo)ser. Mais ça sent quand même la fin de saison (nous ne sommes que début juillet!!!) sur l’Aiguille d’Argentière, sauf si l’été redevient humide et chargé en neige. Quelle misère…
Un grand Bravo à mes deux artistes qui ont évolué avec aisance, assurance et efficacité dans ce terrain rendu complexe par la sécheresse. Rien à redire : vous étiez dans le bon tempo.