Camille rêvait d’aller au Mont Blanc, mais nous ne nous connaissions pas. Alors je lui propose une alternative certainement tout aussi savoureuse, le Mont Blanc pouvant bien attendre une année de plus. Un beau week end d’initiation à l’alpinisme, avec une nuit en bivouac, alternative aux refuges bondés? Que rêver de mieux…
J’entends souvent dire que c’est compliqué d’initier les gens à l’alpinisme sans se retrouver dans la cohue des classiques… J’entends souvent dire que c’est encore plus compliqué lorsque l’on souhaite aller dans le massif du Mont Blanc en plein mois de juillet. Est ce vraiment une fatalité de se retrouver à la queue leu leu sur des bosses de neige au sortir de la benne?
Je propose donc à mes deux clients de les emmener sur le versant italien du Mont Blanc, dans le Val Veny, ou nous aurons tous loisirs d’apprendre à nous connaître, d’apprendre les bases de la progression en alpinisme via une course d’initiation , et de couronner le tout par une nuit dans le magnifique bivouac du Petit Mont Blanc, en attendant d’aller au « Grand » Mont Blanc l’année prochaine.
Montée au bivouac, une approche en douceur
Bienvenue dans le massif le massif du Mont Blanc au 14 juillet, là où la fréquentation bat son plein. Du monde partout, des cris et des larmes, des cordées qui se piétinent, des combats de rue, des chiens qui hurlent à la mort, des forces de l’ordre sur le pieds de guerre, des dortoirs où ça ronfle férocement, des embouteillages géants, des crampons partout…
Ce tableau idyllique n’est pas pour nous. Nous prenons la tangente et laissons la foule des promeneurs dans le fond du Val Veny. Rapidement, dés que l’on passe sur la rive gauche du Lac de Combal, on se retrouve seuls. Une belle mais raide montée nous attend dans le grand calme de la montagne, montée qui nous portera 1000m plus haut aux portes de notre hôtel : le bivouac du Petit Mont Blanc (couvertures en place au bivouac). Le sentier est relativement bien marqué tous le long, avec quelques passages en rocher (cairns) où une corde, voire des crampons sont utiles (franchissement de ponts de neige sur névés résiduels en début de saison).
La nuit en bivouac est magnifique, même si nous aurions apprécié d’en disposer pour nous seuls…
Petit Mont Blanc et Tré-la-Tête en initiation alpinisme
Le lendemain au petit jour, nous remontons les pentes de neige en direction du Petit Mont Blanc. Malmenée par la canicule de fin juin, la neige est très travaillée et rend la progression peu confortable pour une première en crampons. Camille fait ce qu’elle peut et Romain, déjà expérimenté, avance d’un bon pas.
Nous contournons le sommet du Petit Mont Blanc et rejoignons le glacier éponyme par une descente en flanc ouest, pat un couloir de roches et de terre rendu fort délicat par le retrait glaciaire. Une corde fixe est en place, mais le terrain est vraiment pourri et demande la plus grande attention pour ne rien faire partir. Nous prenons alors pieds sur le glacier du Petit Mont Blanc
Après avoir louvoyé entre les crevasses imposantes du haut du glacier, nous remontons le long de l’épaule rocheuse sous l’Orientale de tré-la-tête en direction du sommet. Plus nous montons, plus la neige devient maigre et c’est bientôt de la glace vive qui nous attend, faisant d’un coup monter la cotation réputée « facile » de cette course.
Puisqu’il s’agit d’initiation à l’alpinisme, je ne souhaite pas mettre mes clients dans le rouge -et moi avec- en remontant 250m de glace vive. Ce n’est vraiment pas l’objectif du séjour. Je l’explique à mes clients et nous faisons demi-tour.
Nous remontons donc vers le Petit Mont Blanc, contourné le matin, et nous offrons son modeste mais symbolique sommet après une montée facile dans les blocs sommitaux.
La journée s’étire, le ciel est bleu, les sourires sont là… Nous nous offrons la haut une belle pause contemplative, avant d’entamer une longue redescende vers la route du Val Veny en récupérant au passage nos affaires laissées dans le bivouac
Camille, Romain, vous étiez parfaits! Merci à vous.
Yannick Ardouin est guide de haute montagne (aspirant). Il est aussi photographe et habite dans le Beaufortain, et partage avec vous dans ce blog sa passion des sommets.