Je ne sais pas d’où me venait cette envie d’aller visiter cette face secrète des Grandes Jorasses; sans doute de mes premières virées dans ce coin là pour skier ou grimper.

Depuis le bivouac Gervasutti, la face Est des Grandes Jorasses ne peut pas laisser indifférent. Et puis un jour, à la (re-re-re)lecture du topo « Mont Blanc » de Michel P,  je me souviens être tombé sur ce tracé, la «  Grandes Jorasses voie Gervasutti« …

Connaissant la classe du grand Giusto, ça promettait un joli morceau d’alpinisme. De manière complètement irrationnelle, cette voie aux Grandes Jo m’attirait, bien plus que d’autres.  Et puis pour moi qui apprécie par dessus tout le soleil en montagne, une face Est vaut mieux qu’une face Nord…

 

Montée au bivouac Gervasutti, en route vers les hauts lieux.

Des années plus tard, me voilà donc de retour dans ce bivouac futuriste (où je constate que depuis son ouverture, il s’est déjà bien détérioré) avec Titi et Soph, compagnons solides et motivants pour ce genre d’entreprise. Que dire de cette aventure? Comment en quelques lignes résumer un tel voyage?

Peu souvent, dans ma pratique de la montagne, je n’ai eu le sentiment d’être dans une si grosse face : sauvagerie, éloignement, solitude absolue, raideur outrancière…

Les autres « Gervasutti » que j’ai parcourues m’ont semblé gentillettes comparées à celle-ci. On est par exemple clairement un cran au-dessus que la Gervasutti en face NO de l’Aile froide. Mais que diable avait-il donc dans les tripes ce Giusto pour oser, à l’époque, se balancer dans une telle entreprise? Glurp!… je n’ai pas la réponse et ça me laisse perplexe.

Lever 1h00, départ 2h00, col des hirondelles à 5h00 (on peut gagner une heure par neige bien portante) et sommet de la Walker à 20h00. Nous étions 3 et je n’ai pas le sentiment qu’on ait chômé. Gros morceau donc pour un alpiniste « normal ».

Nous avons trouvé l’accès au névé suspendu vraiment péteux (option traversée horyzontale, 2 pitons), le névé lui même ne donne pas envie d’y passer ses vacances. Dans la voie, ça grimpe constamment : les premiers 5+ mettent très vite dans l’ambiance et l’on se dit qu’il va falloir s’employer. Chaussons, 2 jeux de Camalots, sac de hissage, étriers pour la longueur d’A2… nous sommes des kékés face à l’équipement dont disposait à l’époque il Maestro, mais tant pis, j’assume :o) Côté topo, le croquis de Guide06 est parfait, merci les gars! La face est au soleil jusqu’à 13h30 (fin juin) et, à part l’accès et malgré la canicule, nous n’avons ni vu ni entendu de pierres partir. Cette chaleur nous a aussi permis de remonter les dernières 3 longueurs de dalles seulement mouillées -c’est toujours mieux que glacées-.

Un grand merci à mes fidèles Titi et Soph, un grand merci pour cette belle aventure qui en plus ne s’acheva pas au sommet, comme bien souvent. Mais il est des choses qu’on ne raconte pas sur un blog

Quelques images de la voie, d’un photographe grimpeur frustré d’avoir dû choisir entre concentration et désir d’images…

Grandes Jorasses bivouac Gervasutti

Grandes Jorasses bivouac Gervasutti

Jorasses alpinisme guide

Grande Jorasses Gervasutti aube

Grandes Jorasses alpinisme avec Guide

Grandes Jorasses voie Gervasutti face est

Grandes Jorasses voie Gervasutti

Grandes Jorasses voie Gervasutti

Grandes Jorasses voie Gervasutti

Grandes Jorasses voie Gervasutti

Grandes Jorasses voie Gervasutti

Grandes Jorasses voie Gervasutti

Alpinisme Grande Jorasses Guide

Sommet Grandes Jorasses avec Guide

Pointe Walker Grandes Jorasses

Pointe Walker Grandes Jorasses