Ascension du Mont Blanc par la voie normale
Comme je l’explique dans mon stage de préparation à l’ascension du Mont Blanc par la voie normale, il se joue sur les montagnes bien plus de choses que le simple fait de se tenir debout au sommet. Sur le Mont Blanc a fortiori.
Ce projet d’ascension du Mont Blanc aura préalablement été préparé : 2 jours passés en altitude autour du refuge Torino et de la Pointe Helbronner (Val d’Aoste) n’auront pas été de trop pour découvrir l’univers de la haute montagne… Marche en crampons, franchissement de crevasses dans la Combe Maudite, escalade et désescalade sur la traversée des Aiguilles Marbrées ; deux journées bien remplies ponctuées de bons moments, de bonnes bouteilles et d’une pizza gargantuesque de retour à Courmayeur.
Repos dans la vallée, puis c’est le jour J.
En route vers le refuge de Tête Rousse
Nous prenons le petit train du Mont Blanc à Saint Gervais, puis depuis le Nid d’aigle, nous gagnons le refuge de Tête Rousse.
L’atmosphère est grise, humide et bouchée mais peu importe : demain le grand beau est annoncé, demain est le grand jour. A l’aube du deuxième jour, nous attaquons les difficultés. La remontée de l’éperon du Gouter est magnifique, les rochers sont chargés de neige et, dans notre dos, les nuages de la perturbation de la veille s’évacuent doucement.
Grimper le long de l’éperon du Gouter constitue certainement la partie la plus technique de l’ascension : un chaos de blocs dans lequel serpente un chemin, agrémenté de câbles aux endroits les plus raides. La progression peut se trouver plus ou moins facilitée par la présence de neige, et/ou d’autres cordées. Dans tous les cas, la plus grande vigilance est de mise, a minima pour ne pas risquer de faire partir des pierres qui pourraient blesser les cordées en aval.
Nous arrivons au Refuge du Gouter, laissons nos smokings au vestiaire, et nous octroyons une bonne pause : croissants chauds, pain frais, fruits du jardin…enfin presque.
En vue du sommet du Mont Blanc
Puis, dans la magnifique lumière de ce matin d’été nous changeons d’ambiance. En effet, nous laissons les rochers derrière nous et entamons la lente marche sur l’arête des bosses. Celle là-même qui s’achève au sommet du Mont Blanc.
Il a neigé la veille, la montagne est blanche et maculée. Juste pour le plaisir, je m’offre le luxe de faire une nouvelle trace ici ou là, comme si nous étions les premiers sur cette montagne.
Lentement mais surement, nous montons, nous gagnons de l’altitude. Arrivés à l’abri Vallot, à 4360m, une nouvelle petite pause pour boire un bon thé et se redonner des forces. Les conditions sont idéales : pas de vent, un peu de neige fraiche mais pas trop, peu de monde… Nous irons au sommet, c’est sûr !
Arête des Bosses – sommet du Mont Blanc
Nous repartons vers le haut. Cette fois, c’est le sommet qui nous attend. Alors nous avançons, doucement mais surement. Je ralentis le pas pour que Daniel et Constance ne soufflent pas trop. Il faut savoir aller doucement, sous peine de se griller.
Et puis d’un coup l’arête se couche, le sommet est là, tout proche. Alors je fais ce que je n’avais encore jamais fait : je laisse l’honneur des derniers mètres à Daniel et sa fille, je me tiens en retrait. Daniel était déjà monté au Mont Blanc il y a longtemps, cette fois il emmène sa fille.
Je ne peux que m’effacer pour les laisser savourer cet instant.
Sommet du Mont Blanc, 4810 mètres de bonheur pour un père et sa fille. Après 15 minutes passés seuls sur ce sommet mythique, nous redescendons retrouver nos amis au refuge du Gouter pour une soirée délicieuse, une soirée de fatigue et de bonheur où nous trinquons à n’en plus finir. Les tempes cognent un peu, et l’altitude a parfois bon dos.
Yannick Ardouin est guide de haute montagne (aspirant). Il est aussi photographe et habite dans le Beaufortain, et partage avec vous dans ce blog sa passion des sommets.